Pneus connectés 2025 : révolution ou gadget marketing ?

Un matin glacé de janvier 2025, sur une portion verglacée de la RN90 entre Bourg-Saint-Maurice et Moutiers, un utilitaire électrique ralentit sans que le conducteur n’ait pressé la pédale de frein. « Réduction automatique du couple – Glissance détectée » clignote sur l’écran. Le chauffeur, surpris, regarde ses pneus. Ce n’est pas un miracle. C’est de la technologie embarquée. Des pneus qui parlent, qui prévoient, qui communiquent. On les appelle “connectés”.

De plus en plus visibles dans les catalogues des manufacturiers et dans les parcs de véhicules professionnels, les pneus connectés posent une question simple mais cruciale : que font-ils vraiment ? Et surtout, pour qui sont-ils utiles ? S’agit-il d’une avancée majeure pour la sécurité routière, ou d’un gadget de plus dans une voiture toujours plus numérisée ? Enquête sur ces pneus nouvelle génération qui prétendent penser à votre place.

Qu’est-ce qu’un pneu connecté, concrètement ?

Un pneu connecté, c’est un pneu équipé de capteurs embarqués capables de mesurer, analyser et transmettre en temps réel des informations sur son état et son comportement. Ces données vont bien au-delà de la simple pression. On parle ici de température interne, de niveau d’usure, de charge supportée, de vibrations, d’adhérence, voire de microfissures invisibles à l’œil nu. En 2025, certains modèles haut de gamme sont même capables de détecter la présence de verglas ou d’eau sur la chaussée avant que le conducteur ne le ressente au volant.

Mais leur innovation ne s’arrête pas là. Ces capteurs sont couplés à des systèmes de communication embarqués (souvent via Bluetooth ou radio fréquence) qui peuvent transmettre les données à un tableau de bord, une application mobile, ou même à d’autres véhicules à proximité (technologie V2V). L’objectif ? Créer un écosystème intelligent où les pneus jouent un rôle central dans l’anticipation des risques routiers.

Des chiffres qui parlent : où en est-on en 2025 ?

Selon les dernières données publiées par la FIEV (Fédération des industries des équipements pour véhicules), environ 18 % des véhicules neufs vendus en France en 2025 sont équipés de pneus connectés de série. Chez les constructeurs premium (Tesla, BMW, Audi), cette proportion grimpe à plus de 40 %. Et dans les flottes professionnelles, le taux d’adoption dépasse déjà 60 % dans la logistique, grâce à des partenariats avec Michelin, Continental ou Goodyear.

Du côté des particuliers, le marché reste encore de niche. Le surcoût moyen d’un pneu connecté (entre 50 et 100 € de plus qu’un pneu standard) freine l’adoption. Mais les usages se précisent : véhicules électriques, familles nombreuses, grands rouleurs. Et certaines compagnies d’assurance commencent à offrir des réductions aux conducteurs équipés de systèmes prédictifs de sécurité, dont font partie les pneus connectés.

Comparatif : pneus classiques vs pneus connectés

Critère Pneu classique Pneu connecté
Surveillance pression TPMS ou manuelle Continue et dynamique
Température interne Non mesurée Oui (précision à 0,1 °C)
Estimation usure À l’œil ou via témoin Capteur + calcul prédictif
Communication Non Oui (V2V / appli mobile)
Prix moyen 90 – 130 € 150 – 230 €

Ce qu’ils apportent (et ce qu’ils n’apportent pas)

Le principal argument en faveur des pneus connectés, c’est la prévention. En détectant une anomalie de pression ou de température, ils peuvent éviter une crevaison lente, prévenir l’éclatement d’un pneu surchargé, ou signaler un défaut d’équilibrage avant qu’il n’entraîne une usure prématurée. Pour un gestionnaire de flotte, c’est une économie directe. Pour un particulier, c’est un gain en tranquillité d’esprit.

Mais attention : un pneu connecté mal calibré peut générer des alertes inutiles, voire anxiogènes. Certains modèles bas de gamme, vendus sur Internet sans certification européenne, présentent des taux de faux positifs élevés. Et pour qu’un pneu connecté donne son plein potentiel, il faut que le véhicule, le système d’exploitation et l’application utilisée soient compatibles. Ce n’est pas encore toujours le cas.

Cas d’usage terrain : ce que disent les pros

pneus classiques vs pneus connectés

Stéphanie D., responsable d’exploitation chez Geodis : “Depuis que nous avons équipé notre flotte de pneus connectés Michelin, on a réduit de 22 % les immobilisations pour crevaisons ou usure irrégulière. C’est un outil de pilotage autant qu’un capteur. Les retours conducteurs sont très positifs.”

Amine R., chauffeur VTC à Lyon : “J’ai choisi les Goodyear Sightline pour ma Tesla Model 3. Au début, c’était gadget. Mais un jour, j’ai reçu une alerte de température anormale sur un pneu arrière. J’ai découvert une vis plantée dans la bande de roulement. Sans ça, j’aurais roulé 300 km de plus… et explosé le pneu.”

Et pour l’environnement ?

Un pneu sous-gonflé augmente la consommation de carburant de 0,3 à 0,5 L/100 km, use la gomme plus vite, et libère davantage de particules plastiques. En maintenant une pression optimale, les pneus connectés réduisent donc l’empreinte environnementale du parc roulant.

À l’échelle européenne, si tous les véhicules étaient équipés de pneus intelligents, on pourrait économiser l’équivalent de 4,5 millions de tonnes de CO₂ par an, selon une estimation de l’EASA publiée début 2025. Cela équivaut aux émissions annuelles d’une ville comme Marseille.

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Un outil prometteur, mais pas encore universel

Le pneu connecté n’est pas encore un standard. Son adoption reste conditionnée au prix, à la compatibilité technique, et à la sensibilisation des conducteurs. Pour l’instant, seuls certains profils y trouvent un réel intérêt : les flottes, les gros rouleurs, les véhicules électriques, ou les passionnés de technologie automobile.

Mais les progrès sont rapides. D’ici 2026, Michelin, Bridgestone et Continental envisagent d’intégrer des modules IA capables d’auto-ajuster le comportement du pneu selon l’usure détectée. Et les constructeurs travaillent déjà à coupler ces données aux systèmes de conduite assistée (ADAS), voire à l’autopilotage.

Conclusion : une révolution en marche

Le pneu connecté ne remplacera jamais l’œil du conducteur ni le passage au garage. Mais il s’inscrit dans une logique plus large : celle du véhicule intelligent, autonome, prévoyant. Il n’est pas encore indispensable à tous, mais il est déjà utile à beaucoup. Et dans un monde où la sécurité, la consommation et l’environnement deviennent prioritaires, il pourrait bien devenir la norme.

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